Lutter contre le changement climatique
Déforestation évitée et séquestration de carbone grâce à la reforestation et à l’agroforesterie
Il existe en général un cercle vicieux entre pauvreté dans les milieux ruraux, agriculture non durable, déforestation et accélération des changements climatiques. Nous travaillons au renversement de ce cercle vicieux et nous avons démontré aussi bien en Amérique latine qu’en Asie et en Afrique qu’il était possible, à relativement grande échelle, d’inverser la situation.
Les pratiques agricoles non durables sont une cause majeure de déforestation et de réchauffement climatique (environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la déforestation tropicale). L’agroforesterie est l’ensemble des techniques d’aménagement des terres qui accroît le rendement global en combinant les cultures agricoles (vivrières, annuelles) avec les arbres (cultures pérennes) et/ou l’élevage, sur une même parcelle, dans le respect des traditions locales. C’est un moyen naturel pour recréer et maintenir la fertilité des sols, ce qui équivaut à fixer du carbone dans les sols, option pertinente dans le cadre de la lutte contre le changement climatique tout comme la fixation de carbone dans le bois (au niveau aérien). Les systèmes agroforestiers sont généralement beaucoup plus compétitifs que les systèmes monoculturaux et le potentiel pour planter des arbres dans l’espace rural est considérable.
L’opportunité est décrite par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : « Plus d’un milliard d’hectares sont disponibles pour une conversion à des systèmes agroforestiers à haute productivité qui ont la capacité de réduire la pauvreté et la déforestation de manière significative et de séquestrer du carbone à grande échelle. »
En collaboration avec l’UNESCO-MAB, l’université du Ghana, la fondation Leventis et le Fonds ivoirien de développement pour la formation professionnelle, Pro-Natura a capitalisé son expérience de formation à l’agroforesterie au bénéfice des agriculteurs d’Afrique de l’Ouest dans deux guides agroforestiers différents, téléchargeables en français et en anglais.
Biomasse énergie ou charbon vert
Deux milliards de gens dans le monde doivent faire face à un problème d’énergie domestique qui les pousse à la déforestation, accentuant sécheresse et désertification. L’utilisation exclusive du bois comme combustible domestique présente aussi un autre inconvénient majeur : les fumées dégagées sont nocives pour les yeux et les poumons. L’OMS estime que 1,6 million de femmes et d’enfants meurent prématurément à cause des fumées du bois dans des habitations mal ventilées.
Après 14 ans de recherche et développement, Pro-Natura offre un combustible domestique constitué de charbon végétal, obtenu grâce à un procédé de carbonisation original et écologique. Ce procédé est fondé sur la carbonisation en continu de résidus végétaux non utilisés comme aliment du bétail ou pour l’enrichissement du sol en matière organique, il nous a permis de gagner le 1er prix d’innovation technologique de la fondation Altran.
Les pailles de céréales, tiges de coton, balles de riz, parches de café, etc. peuvent êtres utilisées pour fabriquer le charbon vert. Une machine Pyro-6F permet de produire de 4 à 5 tonnes de charbon vert par jour. Cette innovation technologique développée par Pro-Natura International vient d’être transférée à la nouvelle société Green Charcoal International basée à Paris qui produit les machines et continue la recherche-développement dans le domaine.
En croissant, les plantes absorbent du CO2, produisant ainsi de la biomasse qui contient du carbone. Plutôt que de laisser les végétaux inutilisés se décomposer en émettant du CO2, la pyrolyse transforme environ la moitié du carbone dans une forme stable et inactive. La photosynthèse absorbe le CO2 de l’atmosphère, le biochar stocke le carbone sous une forme solide et bénéfique. Le biochar réduit aussi les émissions d’autres gaz à effet de serre, incluant le méthane et l’oxyde nitreux. Une étude récente estime que 12 % des émissions de gaz à effet de serre émis par l’activité humaine pourraient être compensés par l’usage du biochar.
Les crédits de carbone liés à la séquestration de carbone par l’ajout de biochar dans le sol devraient pouvoir être pris en compte à brève échéance, chaque tonne peut séquestrer environ 2,7 tonnes de CO2 (soit 27 tonnes de CO2 par hectare pour un amendement de 1 kg par m2).